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Projet E-CHO : sacrifier la forêt pyrénéenne pour faire voler des avions

A Lacq, près de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques (64), un projet de complexe industriel porteur de 800 emplois visant à produire des carburants décarbonés notamment pour le transport aérien (e-biokérosène) et maritime (e-méthanol) est à l'étude : le projet E-CHO. Son coût est estimé à 2 milliards d'euros. Outre une consommation énergétique et un besoin en eau considérables, E-CHO nécessitera un volume de bois colossal : 500 000 tonnes de bois humide, soit 2 millions d’arbres coupés chaque année. La zone d'exploitation forestière envisagée s'étendra jusqu'à 400 kilomètres autour du bassin de Lacq, soit l’ensemble de la forêt pyrénéenne et au-delà. Ce projet de décarbonation du secteur aérien est présenté comme vertueux écologiquement. En réalité, il menace les éléments naturels indispensables à notre survie : la forêt, l'eau, l'air, ainsi que la biodiversité et le paysage.​

 

Touche pas à ma forêt-Pyrénées a rejoint les 71 organisations du collectif Forêt Vivantes Pyrénées qui se mobilisent contre ce projet industriel.

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Signez la pétition Non à la destruction des forêts pour faire voler des avions !

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Projet E-CHO : mirage ou éléphant blanc ?

 

Par Jacques Descargues​, ancien secrétaire de l'ONF (Office Nationale des Forêts).

Avec l'aimable autorisation de Mediabask, le média indépendant de référence du Pays Basque.

 

À l’initiative de l’entreprise Elyse Energie, un très ambitieux - et séduisant - projet industriel de décarbonation a été initié dans les Pyrénées-Atlantiques, sur le site industriel de Lacq. Concrètement, le projet a pour finalité de produire des énergies bas carbone pour le transport maritime et l’aviation. La concertation préalable concernant le projet E-cho vient de se terminer. Une enquête publique sera lancée courant 2025. La concrétisation industrielle serait pour 2027. Le coût du projet est estimé à 2 milliards d’euros hors taxes.

La concertation préalable, pilotée par la Commission nationale du débat public (CNDP) a bien présenté les technologies à mobiliser ainsi que la répartition et les fonctions des trois entités industrielles mais elle n’a toujours pas répondu à deux questions essentielles : l’eau et la biomasse indispensables à la production de ces nouvelles sources d’énergie sont-elles, ou non, disponibles sur le territoire ? Car pour produire ces nouvelles énergies sur le site industriel de Lacq, encore faudrait-il disposer des grands volumes d’eau et de biomasse indispensables au processus industriel. Le dossier du projet précise qu’il faut annuellement disposer d’une ressource en eau évaluée à 7,7 millions de m3 et d’une ressource en biomasse évaluée à 500 000 tonnes. Si ces ressources se révélaient indisponibles, la pertinence et la crédibilité du projet seraient à remettre en cause.

À ce jour, la concertation préalable n’a pas permis d’obtenir de réponses claires. Concernant l’eau qui serait prélevée dans le Gave de Pau, le projet compte sur des économies à réaliser sur les consommations actuelles de l’agriculture, de l’eau potable et de l’eau consommée par l’industrie. C’est un vaste programme, un pari ? Et ce n’est pas gagné d’avance. Nous attendons donc que le projet E-cho présente des scénarios crédibles. Surtout dans le contexte de l’aggravation des crises climatiques.

Concernant la biomasse, la situation est encore plus confuse. Le dossier de concertation, les fiches thématiques, les premières réponses esquissées ne permettent pas de comprendre où et comment le projet va pouvoir, durablement, trouver un tel volume de biomasse. Ou plutôt, on comprend bien que le projet compte sur la soit-disant disponibilité en biomasse forestière provenant des forêts du massif aquitain et pyrénéen, voire des forêts d’Occitanie ou même de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Or les récentes études publiées en 2023 sur la situation des forêts françaises confirment que celles-ci sont entrées dans une période de crise grave. C’est un véritable renversement de tendance qui est en cours sous l’effet délétère du changement climatique. Dans un premier temps, au siècle précédent, les forêts ont bénéficié de l’excès de carbone dans l’atmosphère pour accroître leur productivité. Elles ont par exemple augmenté de 50% leur stock de bois en 30 ans tout en permettant un accroissement des prélèvements. Puis, depuis une dizaine d’années, ce processus de croissance s’est ralenti à cause du réchauffement climatique.

L’inventaire national forestier de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), dans son rapport 2023, souligne que depuis dix ans, la croissance de la production de bois diminue. La mortalité des arbres a augmenté de 80 %, les surfaces impactées par les épidémies et les dépérissements sont aujourd’hui équivalentes aux surfaces touchées par les incendies en 35 ans. Il précise que le volume de CO2 fixé par les forêts diminue fortement, il est passé de 83 millions de tonnes en 2018 à 50 millions en 2022 (-40 % en cinq ans).

L’inquiétude des scientifiques sur ce renversement de tendance a conduit l’Académie des sciences à produire un rapport de synthèse spécifique qui confirme ces évolutions et souligne qu’il est maintenant certain que le changement climatique sera responsable d’une baisse de la séquestration du carbone par les forêts. Selon l’Académie, la stratégie bas carbone de l’État doit donc être révisée. Il faut dorénavant privilégier le stockage du carbone dans les produits hors forêt plutôt que dans la forêt elle-même. Le mythique puits de carbone forestier est donc en train de disparaître. L’Académie des sciences conclut (entre autres) concernant le bois-énergie : “En cela, l’augmentation de la ré́colte de bois pour l’énergie issue de la biomasse ligneuse primaire, dans les dix années à venir, pose question”. Elle préconise également une “adaptation de la pratique des coupes rases”.

Quant aux gestionnaires de l’Office national des forêts (ONF), ils constatent que “près de 25 % des forêts publiques sont déjà dégradées à cause des conséquences du réchauffement climatique” et que la tâche qui les attend “peut sembler vertigineuse” pour faire face à ces évolutions.

Dans ce contexte, est-il pertinent de penser que la ressource forestière locale sera au rendez-vous du projet E-cho ? La situation des forêts en Aquitaine et dans les Pyrénées serait-elle différente de la situation inquiétante de la forêt française ? On attend avec impatience les éléments concrets de réponse qui résulteront des études en cours, hélas toujours non disponibles.

Et d’ores et déjà, la multiplication des projets de bois-énergie provoque des tensions entre usagers. En zone rurale, où le bois de chauffage est largement utilisé, les prix explosent, les projets de petites chaufferies collectives communales deviennent impossibles. Est-il socialement juste de faire supporter aux ruraux une baisse de leur pouvoir d’achat et l’accès à leurs ressources naturelles, eau et biomasse, pour satisfaire les besoins en énergie du transport maritime et du transport aérien ?

À ce stade, des informations disponibles et de nos réflexions, ce projet ambitieux et séduisant de production d’énergie bas carbone sur notre territoire pourrait n’être qu’un mirage. Et nous craignons, s’il se réalisait, qu’il devienne un triste éléphant blanc.

Mirage ou éléphant blanc

Biocarburants : une mauvaise solution pour décarboner l'aviation

 

Le secteur aérien vit un boom sans précédent. Les ventes d’appareils ont battu des records ces dernières années et le trafic mondial devrait doubler d'ici à 2050.​ Pour l'heure, les avions de ligne émettent déjà chaque année autant de CO2 qu’un pays comme l’Allemagne. Une pollution insoutenable pour la planète. La solution : décarboner l'aviation en produisant du biokérosène. le terme SAF (Sustainable Aviation Fuel, ou carburant d’aviation durable) est sur toutes les lèvres des acteurs du marché de l’aéronautique. Derrière ce sigle se cachent des biocarburants basés sur la biomasse, une énergie considérée comme « renouvelable » dans l’union européenne. Ils combinent le bois à l’hydrogène afin de produire du biokérosène. Mais les biocarburants sont une mauvaise solution pour décarboner l’aviation.

 

par le collectif Forêts Vivantes Pyrénées

 

Le secteur aérien fonde sa stratégie de décarbonation en partie sur les biocarburants et les utilise pour justifier la poursuite de sa croissance. Dans le cadre de son plan de décarbonation, qui vise la neutralité carbone en 2050, les émissions de CO2 de l’aviation ne commenceraient à véritablement décroître qu’à partir de 2035. Selon les projections de l’ONU, pour maintenir le réchauffement sous le seuil de 1,5 °C, il faudrait atteindre une réduction de 55 % d’ici 2030. Alors que les objectifs pour 2030 et 2050 sont indissociables, le secteur aérien ne s’engage que sur le plus éloigné car il se refuse à réduire son trafic dès maintenant, pourtant le seul moyen d’atteindre l’objectif de 2030. Bien au contraire, l’industrie souhaite continuer sa croissance, avec un doublement de la flotte mondiale d’ici 2050 (de 23 000 avions aujourd’hui à 43 000).

Tout récemment deux rapports commandités par l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol montrent qu’une réduction d’au moins 30 % des émissions de CO2 est nécessaire d’ici 2030 (par rapport à 2019) pour que l’aéroport soit sur une trajectoire 1,5°C, même en considérant que le secteur aérien aurait droit à une part de budget carbone plus importante que les autres du fait de sa difficulté à décarboner. Cela implique de réduire plus ou moins fortement le nombre de vols, selon la proportion de long-courriers, qui émettent le plus de CO2.

Pour le réseau international Rester sur Terre, « la seule solution pour réduire rapidement les émissions de CO2, c’est de réduire le trafic.» L'organisation explique que les carburants d’aviation dits « durables », dont les biocarburants, arriveront trop tard, car on ne pourra pas en mettre plus que quelques pour cent dans les avions en 2030, alors que c’est maintenant qu’il faudrait mettre le paquet sur la décarbonation. Ils seront d’autre part en quantité très insuffisante, car ils reposent sur des ressources convoitées par d’autres secteurs répondant à des besoins plus essentiels de la société et les utilisant de manière plus efficace pour contrer le réchauffement climatique. La montée en puissance de la production d’électricité renouvelable, déjà ambitieuse, ne pourra satisfaire toutes les demandes, et la biomasse, fragilisée par le changement climatique, peine déjà à fournir ses clients traditionnels. Le transport aérien doit donc être limité à ses usages essentiels, au moins tant que les ressources renouvelables restent insuffisantes.

Les Français y sont prêts : selon un sondage réalisé pour BFMTV, « 59 % se disent prêts à encore moins prendre l’avion afin que la France fasse des économies d’énergie et 20% assurent qu’ils le font déjà. »

Pour aller plus loin :

  1. En outre, l’impact climatique des avions ne se limite pas au CO2. Les cirrus induits par les traînées de condensation ainsi que les dérivés des NOx ont un impact deux fois plus important que le CO2, impact que les carburants d’aviation soi-disant durables ne réduisent que très partiellement.

  2. https://rester-sur-terre.org/aeroport-amsterdam-schiphol-rapport-preconisant-une-forte-baisse-du-trafic-aerien/

  3. https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/transports/l-avion-a-de-moins-en-moins-la-cote-aupres-des-francais_AV-202311090110.html

Biocarburants

Un projet à Haut risque industriel

Selon une enquête en cours de l’ONG internationale Biofuelwatch, le projet E-CHO présente un haut risque industriel, car « chacune de ces usines nécessiterait la mise en place de technologies dont le développement n’est pas encore abouti, où que ce soit dans le monde », à savoir :

L’électrolyse de l’hydrogène1 est une technologie à forte consommation d’énergie qui a été testée avec succès, mais pas encore à l’échelle proposée par E-CHO. Aucun électrolyseur de cette taille n’a été mis en service. Le plus gros existant actuellement, qui vient d’être mis en service en Chine, ne fait que 240 MW.

Toutes les tentatives passées visant à produire des carburants liquides pour le transport, y compris des carburants d’aviation, à partir de bois ont échoué ;

Bien que la technologie de fabrication de l’e-méthanol ait été éprouvée, l’e-méthanol n’a jusqu’à présent été produit à grande échelle nulle part dans le monde, le coût de l’hydrogène et du dioxyde de carbone constituant les principaux obstacles.

Aucune installation de cette ampleur n’existe actuellement et aucune installation de moindre envergure à base de biomasse forestière n’est parvenue à un stade industriel fonctionnant sur la durée.

Pire, le procédé de fabrication de kérosène à partir de biomasse forestière lui-même pose problème. La corrosion et l’encrassement lors de la gazéfaction et la liquéfaction sont tels qu’il n’y a pas de solution technique pour faire fonctionner le processus en continu actuellement.


Auditionné par le Sénat en avril 2023, le PDG de TotalÉnergies, Patrick Pouyanné, dit à propos des biocarburants de deuxième génération : « on ne sait pas fabriquer du 2G à base de déchets forestiers ou végétaux, aujourd’hui à échelle industrielle (…) On a mis beaucoup d’argent, avec Shell et les autres. Mais on arrive sur des filières de biotechnologie. Cela marche en labo, en pilote, mais cela ne marche pas à l’échelle industrielle. » Point de vue corroboré par l’ONG Biofuelwatch, qui constate qu’un projet utilisant la même technologie que BioTJet, le projet de Red Rocks Biofuels aux États-Unis, a échoué après avoir englouti 75 millions $ de subvention du gouvernement et 300 millions $ d’un prêt garanti par l’État de l’Oregon.

Élyse Energy ne peut ignorer ces échecs, ce qui n’a pas empêché la jeune start-up de bénéficier déjà de 7,9 millions d’euros de subventions publiques et de solliciter en tout 2 milliards d’Euros d’investissements. La CNDP cite le Cahier d’acteur déposé par Rester sur Terre le 17 janvier 2024 : « Nous mettons donc en garde l’État et les collectivités locales qui pourraient être tentées de soutenir le projet E-CHO : non seulement le bio-kérosène de 2e génération constitue une mauvaise solution contre le réchauffement climatique, mais ses chances de succès sont faibles. »

 

Si le complexe industriel d’E-CHO devait voir le jour, il représente également des risques considérables pour la population locale, ce qui suscite de nombreuses inquiétudes reprises dans le bilan de la CNDP. On peut noter un risque de pollution de l’air, qui sera certainement aggravé par les transports du bois (15000 camions par an). Les émissions de GES générées par le transport de la biomasse seront importantes, surtout si, selon les aires d’approvisionnement, le transport doit se faire sur de plus longues distances (éventuellement même par bateaux). Le méthanol est un gaz hautement toxique, avec des risques pour la santé des riverains de Lacq, où il existe déjà une surmortalité par maladies respiratoires et cardiovasculaire. Une étude participative de Santé Publique France est en cours.

Les Shifters de Pau notent aussi les risques suivants:

  • Les fuites d’hydrogène, gaz très difficile à étancher. L’hydrogène qui n’est pas un gaz à effet de serre, mais détruit les radicaux OH de l’atmosphère ce qui favorise l’effet de serre (ce nouveau sujet de recherche commence à être documenté).

  • Les fuites ou rejets de CO2.

  • Toutes les pollutions inhérentes aux opérations de raffinages et de transports de carburants, fuites et rejets à l’atmosphère, torchage et events “froids”.

  • Les manipulations de produits chimiques en particuliers ceux du traitement de l’eau utilisée par les électrolyseurs.


  • Les rayonnements électromagnétiques résultants des très fortes intensités de courants dans les électrolyseurs, 2 à 5 millions d’Ampères.

  • Les pollutions sonores
.

Pour lire le rapport de Biofuelwatch

  1. C’est-à-dire l’utilisation de l’électricité pour diviser des molécules d’eau

Haut risque industriel

​Menace pour la biodiversité

 

L’impact du projet E-CHO sur la biodiversité n’a été pour le moment étudié que pour le seul site de Lacq, sans tenir compte des conséquences de l’approvisionnement en bois et en eau sur la biodiversité de la forêt et des milieux aquatiques.

 

Or, le Gave de Pau et ses abords bénéficient de la plus haute protection environnementale, depuis la création, le 10 octobre 2014, d’un Site Natura 2000 dont l’objectif était de protéger une biodiversité exceptionnelle. Comme nous le disions dans notre contribution au cahier d’acteurs de la concertation publique : « 81% du territoire du Gave de Pau est composé d’une grande diversité d’écosystèmes : plus de 4000 hectares de forêts alluviales et mixtes, 205 types d’habitats naturels ou semi-naturels dont 99 types d’habitats d’intérêt communautaire. Parmi ces derniers, 18 types sont des habitats naturels prioritaires. La liste est impressionnante: végétation arborescente, prairies, pelouses, marais, eaux dormantes, plantes amphibies ou poussant près de zones humides. Tous ces biotopes accueillent de nombreuses espèces protégées et menacées (tourterelle des bois, lamproies, saumons, aloses, chabots, moules, écrevisses à patte blanche, libellules..).»

Il est évident qu’un prélèvement annuel de 6,8 millions de m3 dans ce gave représente un risque de désolation des milieux aquatiques, déjà lourdement impactés par le réchauffement. Si l’on ajoute à cela le fait que les eaux de refroidissement rejetées pourraient atteindre des températures allant jusqu’à 30°C et transporter des polluants, il paraît clair que le projet aura des conséquences néfastes pour la biodiversité aquatique. Les alevins et les salmonidés sont particulièrement vulnérables, car ils dépendent d’eaux froides pour leur survie.

Les algues aussi se multiplient dans des eaux chaudes, stagnantes, avec un taux d’azote élevé, ce que l’on peut observer de plus en plus fréquemment sur les rives des gaves pyrénéens l’été, période d’étiage et de recours aux fertilisants azotés. Les conséquences sur tous les milieux, y compris côtiers, sont importantes. L’agence Adour Garonne avait étudié dès 1994 la prolifération des algues vertes, dont on connaît l’impact désastreux sur le tourisme, dans le bassin d’Arcachon1. Déjà a cette époque, l’agence tirait la sonnette d’alarme : « Le fait le plus marquant en matière d’évolution du milieu au cours de ces 20 dernières années est, sans aucun doute, l’augmentation de la concentration en nitrate des masses d’eau internes du Bassin, directement liée à l’accroissement des apports d’azote d’origine agricole dans les cours d’eau.» Elle notait le lien entre déforestation et augmentation de l’azote dans les cours d’eau : «  L’évolution de l’occupation du sol (notamment l’extension d’une agriculture de type intensif aux dépens de la forêt) a eu pour conséquence directe une aggravation des phénomènes de lessivage, en particulier de l’azote. »

On le sait, tous ces phénomènes se sont accélérés depuis, avec de nouvelles algues toxiques ayant fait leur apparition sur les cotes basques. E-CHO est susceptible d’y contribuer par les prélèvements dans le gave de Pau et par la diminution des surfaces forestières. Les récoltes de biomasse, dont une partie en coupe rase, risquent d’accroître les problèmes d’érosion des sols et donc d’aggravation de l’intensité des crues, en affaiblissant le rôle fondamental des forêts dans la régulation du cycle de l’eau. De plus, le tassement des sols, provoqué par la récolte industrielle et l’absence de couverture végétale des terrains en pente provoquent un effet « chasse d’eau » : lors de pluies abondantes, le terreau fertile de surface est emporté dans les rivières dont le lit est de moins en moins profond. Les inondations deviennent plus fréquentes avec des conséquences désastreuses pour l’environnement et l’homme.

Cette malforestation a évidemment également des effets néfastes sur la biodiversité des forêts. La pratique des coupes rases consiste à défricher entièrement les terrains forestiers, déracinant tous les végétaux, ramassés par de lourds engins qui tassent le sol. Le terrain, vidé de sa faune et de sa flore, est ensuite retourné pour planter des alignements d’essences à pousse rapide, plus rentables que la forêt de feuillus abattue. Ces plantations attirent moins de faune (oiseaux et pollinisateurs), d’autant qu’elles sont plus vulnérables aux maladies et donc parfois traitées avec des produits phytosanitaires. L’écosystème qui disparaît est remplacé par une exploitation industrielle, majoritairement de résineux, captant moins de CO2 et beaucoup plus vulnérables aux incendies, qui libèrent du CO2 dans l’atmosphère. Il en est de même pour l’exploitation abusive des haies en milieu agricole, qui entraîne la disparition de la trame verte dont dépendent les pollinisateurs et les oiseaux insectivores pour leurs déplacements, ce qui affecte négativement la fertilité et les rendements agricoles.

  1. https://archimer.ifremer.fr/doc/00000/1653/1286.pdf ↩︎

Biodiversité

Des risques pour la ressource en eau

 

Pour alimenter le procédé d’électrolyse nécessaire à la production de 72 000 tonnes d’hydrogène, le projet E-CHO sera très gourmand en eau: un débit collecté dans le gave de Pau de 6,8 Millions de m3/an et un débit rejeté 3,3 Millions de m3, soit un prélèvement net de 3,5 Millions de m3/an. De plus, l’électrolyseur prévu a une puissance de 520 MW, alors que les électrolyseurs de 100 MW ou 200 MW actuellement en phase d’essai ailleurs consomment d’ores et déjà davantage que la consommation annuelle annoncée.

Les prélèvements pour l’ensemble du site de Lacq étaient de 11 millions de m3 en 2022 et l’Agence Adour Garonne a autorisé un prélèvement total (Gave et eau potable) de seulement 14,8 millions en mai 2023 : « Les 7 millions de m3 du projet en devenir vont nécessiter des efforts de réduction majorés par rapport à la situation initiale (à priori 2016-2020) même si les prélèvements industriels ont certes largement diminué depuis 2003 ». Elyse a donc demandé une autorisation de prélèvements supplémentaires, sans même envisager une économie circulaire de l’eau: « N’aurait-on pas pu réutiliser des eaux déjà utilisées par d’autres industriels pour limiter les prélèvements sur le milieu ? », s’interroge l’Agence Adour Garonne.

Car, fait sans précédent, dans sa contribution au cahier d’acteurs, l’agence gouvernementale elle-même pointe les défaillances du projet dans une contribution au cahier d’acteurs, où elle rappelle que la consommation annuelle annoncée représente celle de 80 000 habitants, soit celle d’une ville de la taille de Pau. Alors que d’autres industries locales doivent diminuer les leurs et qu’il y a des restrictions de plus en plus fréquentes pour les particuliers et les agriculteurs en période de sécheresse, il n’y a pas dans le projet E-CHO de mise en comptabilité du plan de sobriété nationale, qui prévoit une baisse globale des prélèvements en France de 10 % d’ici 2030.

L’agence Adour Garonne s’interroge donc aussi sur la compatibilité de ce projet avec le Plan de sobriété national qui va être décliné localement dès cette année. « C’est un projet qui n’est pas neutre, alors que l’enjeu est de trouver comment économiser 37 millions de m3 par an à l’horizon 2030 sur le bassin de l’Adour, ces millions de m3 consommés par le projet d’Elyse Energy vont nécessiter des efforts de réductions majorés. (…) À chaque fois qu’on réfléchit à la mise en place d’un projet, il est important aujourd’hui de se poser toutes ces questions pour que chaque goutte d’eau que l’on prélève soit utilisée au maximum et au mieux. »

Enfin, Elyse ne prend en compte ni les périodes d’étiage ni les variations de débit du Gave et se base sur un débit constant qui serait équivalent à celui de 2000 ! Or, dans les Pyrénées, une aggravation de la sévérité des étiages et une tendance à la baisse de la moyenne annuelle de débit des gaves ont été enregistrées sur 40 ans. Aux dérèglements du cycle de l’eau en lien avec les activités humaines s’ajoutent la disparition très rapide de tous les glaciers pyrénéens et l’observation alarmante du tarissement de nombreuses sources d’altitude. L’étude transfrontalière PIRAGUA,1 publiée tout récemment, prédit une baisse de 15% du débit des rivières dans les Pyrénées d’ici 2040.

Les conflits d’usage vont donc se multiplier, conflits majeurs puisqu’il faut de l’eau potable pour la population et de l’eau d’irrigation pour les agriculteurs qui doivent subvenir aux besoins alimentaires de cette population. L’étude Adour 2050 est arrivée à des conclusions alarmantes en ce qui concerne la ressource en eau de la région : « Le déficit des bassins versants va se creuser si les besoins en eau restent constants, surtout pendant la période d’étiage, car les apports naturels seront moins importants. L’augmentation des débits de début de printemps ne pourra pas compenser la baisse des débits en été même si le surplus d’eau printanier est stocké. »2

Pour lire l’étude Adour 2050

  1. https://www.brgm.fr/en/reference-completed-project/piragua-decrease-15-flow-rivers-pyrenees-2040 ↩︎

  2. https://www.institution-adour.fr/adour-2050/etude-prospective-adour-2050.html (p.41) ↩︎

Eau

Un bilan carbone contestable

 

L’Accord de Paris engage les gouvernements à essayer de maintenir le réchauffement climatique en deçà de 1,5°C à l’horizon de 2050, faute de quoi nous déclencherons des catastrophes climatiques irréversibles et les conséquences de la crise climatique s’aggraveront pour les populations (réchauffement, aléas climatiques violents, catastrophes naturelles…). Mais cela sera impossible à réaliser sans une élimination rapide de la combustion des combustibles fossiles et sans l’élimination d’une plus grande quantité de CO2 de l’atmosphère. Il n’existe qu’un seul moyen éprouvé d’éliminer le CO2 de l’atmosphère : permettre aux écosystèmes naturels – y compris les sols sains – de s’épanouir et de se régénérer. La forêt étant, avec les océans, le seul écosystème capable de stocker du CO2 en grande quantité, il faut impérativement protéger sa capacité à capter du CO2 et éviter à tout prix de la surexploiter. Les coupes rases, qui défrichent entièrement les parcelles, sont en particulier à proscrire. Elles détruisent encore plus de végétaux capables de capter du CO2, elles tassent le sol forestier, ce qui compromet sa fonction de séquestration. Face au réchauffement climatique, l’Académie des sciences recommande donc des prélèvements minimaux en sylviculture douce à couvert continu. « Hors sinistres et dépérissement, il apparaît indispensable d’éviter les coupes rases autant que possible, en raison de leurs impacts écologiques, paysagers et climatiques trop importants. » 1

Une utilisation excessive de la biomasse forestière, loin d’être à bas carbone, est en réalité à très haut carbone ajouté dans l’atmosphère, du fait d’une diminution du puits de carbone. Moins le CO2 est séquestré par les plantes (actuellement 30 % de tout le CO2 émis par l’homme), plus il s’accumulera dans l’atmosphère. Pour une entreprise forestière, une récolte annuelle qui ne dépasse pas en volume l’équivalent de la croissance annuelle des arbres apparaît comme « durable ». Mais pour le climat, cela signifie que les arbres abattus ne séquestreront plus du tout de CO2. Si les forêts sont remplacées par des plantations de nouveaux arbres, ces derniers mettront 80/100/150 ans à reconstituer leur stock de carbone.

De plus, le retournement de tendance de la croissance biologique des arbres, l’explosion de la mortalité, et l’augmentation des prélèvements de bois, sont à l’origine de la chute de 50 % du puits de carbone, constatée à ce jour. Et ce n’est qu’un début. L’usage des biocarburants, comme des fertilisants carbonés, accélère l’arrivée d’un puits de carbone négatif pour les forêts françaises. Bientôt elles ne seront plus en capacité de stocker le CO2 en excédant dans l’atmosphère. Elles seront, au contraire, émettrices nette de carbone. Donc, au lieu de participer à la lutte contre le réchauffement climatique, les nouvelles activités industrielles utilisant la biomasse forestière y contribueront. Tout cela remet en cause la comptabilité carbone à l’échelle de la France, selon laquelle la diminution du puits de carbone consécutive à une récolte forestière est considérée comme automatiquement compensée par une absorption, comptabilité que le projet E-CHO a évidemment adoptée et qui n’a aucun sens physique. La régénération forestière permettant l’absorption n’est pas instantanée.

Selon la Sepanso 64, la diminution du puits de carbone consécutive aux récoltes prévues par E-CHO est considérable. Pour mesurer le coût carbone réel d’une récolte, on doit comparer la situation après une récolte à la situation qui aurait prévalu en l’absence de récolte. La différence entre les stocks de carbone du système forêt dans les deux situations sur une période de temps donnée, en tenant compte de la croissance de nouvelle matière ligneuse, constitue le coût carbone d’une récolte sur cette durée. Dans le cas du projet E-CHO, on peut estimer l’ordre de grandeur du coût carbone consécutif à une récolte annuelle de 300 000 t de bois sec de 2030 à 2050 ainsi que le coût carbone total associé aux récoltes annuelles successives de 2030 à 2050 (2030 année vraisemblable de mise en service à plein régime de la production de kérosène). On obtient ainsi une valeur annuelle moyenne de coût carbone dans la fourchette 300 000 t à 700 000 t de CO2 selon que la coupe est suivie ou non d’un travail du sol. Cette quantité de carbone sera réémise dans l’atmosphère pendant le processus de production du kérosène et son utilisation dans le transport aérien. En d’autres termes utiliser 300 000 t de matière ligneuse sèche annuellement pour produire 87 000 t de kérosène de 2030 à 2050 va contribuer au réchauffement climatique à hauteur en moyenne de 10 millions de t de CO2 sur cette période de temps.

  1. De plus, lorsqu’on abat, comme le ferait E-CHO et BIOCHAR, des milliers d’hectares d’arbres année après année, on perd aussi les nombreux autres services que rend la forêt:
limitation de la sécheresse; réduction de l’érosion des sols ; effet éponge limitant les inondations et ffet bénéfique sur les températures, comme le montre une récente étude aux États-Unis. ↩︎

Carbone

Une ressource forestière limitée

 

"Si vous regardez la biomasse réclamée par le secteur aérien, pour remplacer le kérosène par des carburants dits d'origine durable, rien que pour le secteur aérien il faudrait plus que la récolte commerciale de bois en France. Rien que pour le secteur aérien et rien que pour les avions qui décollent d'un aéroport français."

Jean-Marc JANCOVICI - Intervention à AgriParisTech - 9 avril 2024

Pour l'association Canopée Forêts Vivantes : "Sous couvert de décarbonation, la ‘stratégie’ gouvernementale de fuite en avant industrielle nous conduit directement dans le mur, avec une demande en bois qui excède largement les capacités des forêts locales."

 

La forêt française est entrée dans une situation de crise potentielle. Après une hausse très importante de la surface forestière et de la production de bois au 20ième siècle, en ce début du 21ième siècle, il y a depuis plus de 10 ans un renversement de tendance. L’accroissement biologique des arbres baisse (-4%/an) et on constate aussi une très forte mortalité des arbres (+100 % en 10 ans) due au changement climatique (crises sanitaires forestières, sécheresses, prolifération de bioagresseurs, etc.). Dans le même temps les besoins en matière première bois de la filière traditionnelle ne cessent d’augmenter (bois d’œuvre, d’industrie, bioénergie, carton, bois de chauffage).1

Dans un communiqué publié le 12 octobre 20232, l’Inventaire Forestier National dresse un bilan alarmant des dix dernières années: « Les conséquences du changement climatique se lisent sur la santé des forêts françaises, avec notamment une très forte augmentation de la mortalité des arbres: 7,4 millions de mètres cube par an (Mm3/an) entre 2005 et 2013 à 13,1 Mm3/an entre 2013 et 2021, En outre, la surface forestière touchée actuellement par le dépérissement est équivalente au cumul des surfaces touchées par les incendies de ces 35 dernières années. » L’IFN souligne par ailleurs « qu’un ralentissement global de la croissance des arbres a été observé et chiffré à 4%/an… Ainsi le puits de carbone s’est établi à 40 millions de tonnes de CO2/an en moyenne sur 2012/2021 diminuant d’un tiers en une décennie. »

Le projet E-CHO de Lacq nécessitera des prélèvements importants de biomasse forestière, en moyenne de 500 000 tonnes de biomasse forestière par an, pendant 5ans, puis 150 000 tonnes par an les années suivantes. Sur 15 ans, le volume des bois consommé représenterait la totalité de la biomasse forestière des 20 000 ha du massif forestier d’Iraty. Le plan précis d’approvisionnement de ces besoins en bois n’ayant pas été rendu public, aucun territoire n’est à l’abri d’importantes coupes d’arbres. A cela viendraient s’ajouter 135 000 tonnes de bois/an pour la production de 20 000 tonnes de biochar à Garlin, si le projet porté par Miraïa devait y voir le jour.

La forêt de nos régions n’est pas en mesure de fournir une telle quantité de biomasse forestière, et la ressource est souvent surévaluée car, d’une part le volume moyen de bois à l’hectare reste un des plus faible en France (100 à 150 m3/ha), et d’autre part, les parcelles en montagne ne sont pas toujours exploitables. Des conflits d’usage sont inévitables. Ils pourraient provoquer une déstabilisation du secteur actuel de la filière bois en Nouvelle Aquitaine. Car ces projets industriels viendraient en concurrence avec les besoins des acteurs industriels de la filière bois. Ceux ci doivent répondre à une demande en forte croissance des besoins, en particulier pour la construction en bois, la rénovation des bâtiments mais aussi la production de carton qui doit se substituer au plastique. Cette demande en croissance a déjà entraîné une augmentation de 9 % du taux de récolte de bois sur les 7 dernières années. L’étude de l’Interprofession France Forêt Bois réalisée par le cabinet Carbone 4 souligne que la forêt française, confrontée au changement climatique, ne pourra pas satisfaire demain toutes les demandes des industries du bois. Des arbitrages devront être faits en privilégiant les utilisations durables du matériau bois et les besoins en énergie de ces entreprises.

Pour lire l’étude du cabinet Carbone 4

Les besoins en biomasse des usines biochar et de production de « e-bio-kérosène » viendraient aussi en concurrence avec les besoins des populations rurales qui utilisent le bois pour le chauffage (petites chaufferies locales et bois de chauffage individuel). Ces populations comptent aussi sur le développement du tourisme de nature qui serait compromis par la dégradation des paysages. Les conséquences de ces coupes de bois supplémentaires porteraient en effet atteinte au patrimoine forestier qui ne saurait se limiter à la production de bois (dégradation de la biodiversité, des paysages et du rôle de plus en plus important de la forêt dans la régulation du climat). Dans son rapport sur la situation de la forêt française paru en Juin 2023 l’Académie des sciences mettait en garde : «Le bois devient une ressource dont les usages doivent être rationalisés…. En cela, l’augmentation de la récolte de bois pour l’énergie issue de la biomasse ligneuse primaire dans les dix années à venir pose question. En effet, ce bois contribue à augmenter les émissions de CO2 sur un laps de temps pendant lequel celles-ci ne seront pas compensées par une séquestration équivalente.»

Pour lire le rapport de l’Académie des Sciences

La ressource forestière n’est pas inépuisable, son renouvellement infini est un mythe. Depuis une dizaine d’années, comme le mesure donc l’IGN, la croissance de la production faiblit (-4 % /an depuis 7 ans), les maladies frappent les forêts, les incendies causent de très graves dégâts et la mortalité des arbres augmente (multipliée par deux en 10 ans). Certains massifs, notamment dans le Nord-est, présentent déjà des niveaux de mortalité et de prélèvements supérieurs à la production biologique et ont donc un puits de carbone négatif. D’autres forêts ont même perdu de leur potentiel, comme celle des Landes, la plus touchée par les tempêtes et les incendies.3 En aucun cas, nos forêts du Sud-ouest ne peuvent faire l’objet de prélèvements plus importants si l’on veut préserver le puits de carbone et surtout le patrimoine commun que représentent nos forêts.

La forêt étant, avec les océans, le seul écosystème capable de stocker du CO2, il faut impérativement protéger la capacité de nos forêts à capter du CO2 et éviter à tout prix de les surexploiter. Les coupes rases, qui défrichent entièrement les parcelles, sont en particulier à proscrire. Elles détruisent encore plus de végétaux capables de capter du CO2, elles tassent le sol forestier, ce qui compromet sa fonction de séquestration. Et surtout elles libèrent le carbone stocké dans les arbres qui mettront 80/100/150 ans à reconstituer leur stock de carbone. Face au réchauffement climatique, l’Académie des sciences recommande des prélèvements minimaux en sylviculture douce à couvert continu. « Hors sinistres et dépérissement, il apparaît indispensable d’éviter les coupes rases autant que possible, en raison de leurs impacts écologiques, paysagers et climatiques trop importants. »

De plus, lorsqu’on abat, comme le feraient E-CHO et BIOCHAR, des milliers d’hectares d’arbres année après année, on perd aussi les nombreux services que rend la forêt, services que des nouvelles plantations ne sont pas en mesure de rendre avant plusieurs décennies:
amélioration de la quantité d’eau disponible et de sa qualité, donc limitation de la sécheresse; réduction de l’érosion des sols et de l’effet éponge limitant les inondations; microclimats préservant et optimisant la productivité agricole; protection de la biodiversité ; sources de revenus et de loisirs pour les habitants ; effet bénéfique sur les températures et le ralentissement du réchauffement, comme le montre une récente étude aux États-Unis.

 

Pour lire l’article dans Le Courrier international sur cette étude

  1. Selon l’étude Carbone 4 pour France forêt bois, 23 déc. 2023 ↩︎

  2. https://www.ign.fr/espace-presse/les-donnees-de-linventaire-forestier-national-confirment-limpact-du-changement-climatiquesur-la-sante-des-forets-francaises ↩︎

  3. Selon une étude de 2023 basée sur l’analyse de données satellite ↩︎

Ressource forestière
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